La Vita è Sogno, Opéra de G. F. Malipiero
La décoration raffinée du Teatro Malibran sert de cadre charmant à une nouvelle version de l’œuvre lyrique de Gian Francesco Malipiero, La Vita è Sogno. Cette œuvre rarement produite remonte à 1941, lorsque Malipiero a décidé de composer la musique d’un opéra, tout en jouant le rôle de librettiste, pour porter à l’attention d'un nouveau public une pièce de théâtre espagnole du XVIIe siècle, intitulée La vida es sueño (ou La vie est un songe en français). Situé au cœur de Venise, l’historique Teatro Malibran date de 1677. Géré par les autorités municipales vénitiennes depuis 1992, le théâtre est aujourd’hui largement utilisé pour accueillir des concerts et des productions lyriques.
L’opéra de Malipiero a été créé le 30 juin 1943 à Breslau, l’actuelle Wrocław en Pologne, pays dans lequel une grande partie de l’action se déroule. Un an plus tard, il a été donné en représentation à Venise pour la première fois. Depuis lors, une poignée de personnes (autres que les admirateurs les plus passionnés des compositions de Malipiero) ont eu la chance d’assister à une nouvelle production de son œuvre. Grâce à cette mise en scène, à laquelle participent l’orchestre de La Fenice et un chœur, ce n’est plus le cas.
Divisé en trois actes distincts, le drame de cet opéra se déroule de manière semblable à la pièce de théâtre baroque d’origine, écrite par Pedro Calderón de la Barca. Connue pour ses thèmes théologiques et philosophiques, la pièce traite des inquiétudes du roi Basile au sujet de sa succession. Craignant que son fils ne devienne un tyran, il l’enferme dans une tour, où ce dernier se fait administrer un somnifère qui le plonge dans un état rêveur. Axée sur la nature de la réalité, des rêves et du destin, l’intrigue se poursuit quand le fils de Basile revient à la cour royale et qu'un conflit s’ensuit.
La version de la pièce par Malipiero reflète probablement l’époque turbulente durant laquelle il l’a écrite, étant donné qu'il a composé l’opéra au beau milieu de la Seconde Guerre mondiale. Comme le titre de l’œuvre suggère que la vie est, en effet, un rêve dans une certaine mesure, les aspects métaphysiques concernant le moment où les conflits peuvent être résolus et la façon de le faire à travers l’imagination et l’art sont ouverts à l’interprétation dans cet opéra. La partition de Malipiero a été auparavant décrite comme un « hymne à l’héroïsme humain », quelque chose à laquelle les spectateurs de l'époque auraient pu naturellement s'identifier.
Cette production de haute qualité ne manquera pas de fasciner autant les amateurs d’opéra que les mélomanes en général. Pour les Vénitiens comme pour les visiteurs de la ville, il s’agit probablement d’un événement incontournable et d’un plaisir théâtral rare extrêmement divertissant et invitant à la réflexion.